[c. 10 July 1762]
Mon cher Gabriel c'est moy qui vous conjure d'être sage.
Votre lettre est d'une violence extrême. Quand on a écrit de telles lettres il faut se couper la gorge avec celuy au quel on a écrit. Je sçais quand il le faut réprimer le zèle. Supprimez votre lettre je vous en conjure. Ce n'est pas vous qui êtes outragé, c'est moy. C'est à moy à répondre. L'honneur et la vérité m'y forcent. J'aimerais mieux perdre les Délices que de soufrir qu'on dise qu'on m'a donné un azile, et que l'Europe m'en refusait.
Je défie d'ailleurs qu'on trouve dans les écrits que vous avez imprimez de moy une ligne contre la relligion et il y en a cent en sa faveur. En un mot il est d'une nécessité absolue que les honnêtes gens voyent la lettre cy jointe que j'envoye au colonel Pictet et à M. le premier sindic.
Vous avez eu hier le menteur. Travaillons à force, et moquons nous du reste.
Il est nécessaire que je voye mon cher Gabriel.