1762-07-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Mariette.

Je reçois, Monsieur, vôtre Lettre du 2e juillet. L'affaire à laquelle je m'intéresse est si extraordinaire, qu'il faut aussi des moyens extraordinaires. Le parlement de Toulouse ne donnera point des armes contre lui. Il a défendu que l'on communiquât les pièces à personne, et même l'extrait de l'arrêt. Il n'y a qu'une grande protection qui puisse obtenir de mr le Chancelier ou du roy, un ordre d'envoier copie des régistres; nous cherchons cette protection. Les cris du public ému et attendri devraient l'obtenir. Il est de l'intérêt de l'état qu'on découvre de quel côté est le plus horrible fanatisme.

Je ne doute pas que cette affaire ne vous paraisse très importante. Je vous supplie d'en parler aux magistrats et aux jurisconsultes de vôtre connaissance, et de faire ensorte qu'on en parle à Mr le Chancelier; tâchons d'éxciter sa compassion et sa justice, après quoi, vous aurez la gloire d'avoit déffendu l'innocence.

J'attends vôtre réponse, et j'ai L'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

Les pièces cy jointes vous mettront au fait si vous ne les avez pas encor vües.

Mr Heron doit avoir la bonté de vous en remettre d'autres mais je ne crois pas que vous en puissiez faire d'usage.