4 avril 1762
Mes chers frères, il est avéré que les juges toulousains ont roué le plus innocent des hommes.
Presque tout le Languedoc en gémit avec horreur. Les nations étrangères qui nous haïssent et qui nous battent, sont saisies d'indignation. Jamais depuis le jour de la st Barthélemi rien n'a tant déshonoré la nature humaine. Criez, et qu'on crie.
Voici un petit ouvrage auquel je n'ai d'autre part que d'en avoir retranché une page de louanges injustes qu'on m'y donnait. Je serais très fâché qu'on crût que j'en aie eu la moindre connaissance; mais je serais très aise qu'il parût, parce qu'il est d'un bout à l'autre de la vérité la plus exacte, et que j'aime la vérité. Il faut qu'on la connaisse jusque dans les plus petites choses. Il n'y a qu'à le donner à imprimer à Granger ou à Duchesne. Je ne vous parlerai point aujourd'hui de cet ouvrage de dévotion, païenne, fait en six jours. Il y a trop de choses à dire sur Cassandre pour que j'en dise une seule. On fait le chaos en six jours, et ensuite on arrange sa création. Il faut cultiver son petit talent jusqu'à sa dernière heure.
Je suis affligé de la Martinique et de mon roué. Nous sommes bien sots et bien fanatiques, mais l'opéra comique répare tout. Je bénis dieu de m'avoir donné un frère tel que vous.