Monsieur tous nos progets sont changés, il se trouve que la semaine de pasque n'est point une semaine de dévotion et que nos dames veulent apsolument jouer avec vous.
En ce cas m^lle Soulet n'aurait point de rôle et il est apsolument inutile de lui faire faire un voiage; si je ne peux pas la faire jouer. Deplus nos dames seroient furieuse contre moi et cela brouillerait toutte la troupe. Ne l'amenez point Monsieur. Montrez lui l'impossibilité où je suis de la recevoir et sur tout faites ma paix avec elle. Amenez M^r Garnier, nous ne pouvons pas nous en passer.

J'espère toujours que vous passez la semaine de pasque avec nous. Si cela n'était pas dans vos arrengemens mendez le moi sur le champs par ce que Mon Oncle écrirait à m^r d'Omon, m^r de Richelieu, au quatre gentils hommes de la chambre et au roi s'il était nécessaire. Il est impossible que l'on vous refuse huit jours à m^r de Voltaire, il sert trop bien le public pour qu'on lui aute cette consolation. Adieu Monsieur, j'attends de vos nouvelles et je vous attends encor avec bien plus d'impassience. Nous aurons de prês pour vu que m^r Grenier viene Tancrede, Gengis, Fanime, Mahomet et Zaire. Il faut que m^r Grenier fasse Nerestan et Seide et peut être quel que confidens qu'il fera dans les autres pièces. Si nous avions pu avoir notre peti Artos tout aurait été bien car je l'aime fort.

Adieu je n'ai que le temps de vous dire combien nous vous aimons.

J'ai écrit à m^r Tronchain pour vous donner tout ce qui vous sera nécessaire.

ce vendredi 6 mars [1762] de Fernex