1762-02-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Ami Camp.

Vous voilà donc veuf, Monsieur, et chargé seul de tout le fardeau? mais vous vous en démêlerez bien, en attendant la première place de fermier général vacante.

J'ai reçu le petit group que vous avez eu la bonté de m'envoyer.

Voicy une Lettre de change qui n'est pas prête d'être acquitée, et qui restera probablement quelque temps dans vôtre portefeuille.

J'ai eu l'honneur de vous écrire un petit môt touchant une assez grosse partie de finances. Made Dupuis, ma voisine, veut absolument que je lui prête douze mille francs à Pâques, pour acheter une compagnie de Cavalerie à son neveu.

Made d'Albertas, mon autre voisine, demande actuellement six mille francs pour son mari; ce mari, premier président de la chambre des comptes de Provence, est actuellement à Paris. Voudriez vous, Monsieur, avoir la bonté de lui mander que vous avez de ma part deux mille écus à son service; que je vous en ai prié; qu'il n'a qu'à faire son billet à ordre, soit pour une année, soit pour deux, c'est à dire de six mille trois cent, ou de six mille six cent.

Mille tendres remerciments de touttes vos bontez.

V.

Je suppose que vous avez eu celle de faire donner quatre louis à Grenier dont j'ignorais la demeure.