à Lyon au palais royal 20 novbre 1754
Je sens Monsieur dans mes malheurs une consolation bien touchante que vous ayez eu la bonté de vous charger de mes affaires.
Cela ne durera pas longtemps. Ce seront bientôt mes héritiers qui auront à faire à vous. En attendant je compte passer le reste de ma vie dans une terre que j'achète sur les lizières de la Bourgogne dans une exposition saine et chaude convenable au mauvais état de ma santé. Je vous supplie de me mander ce que je pourais tirer actuellement sur vous pour mes arrangements? je souhaiterais aussi que vous m'envoiassiez le billet de 160000lt de mr de Mont Martel qu'on prendra pour comptant quoy qu'il soit bien loin d'être échu. J'ay encor une grâce à vous demander c'est de vouloir bien attendre l'année 1756 pour les honoraires que je vous dois.
Je vous ay renvoyé par le grand courier de Strasbourg le paquet contenant le compte signé.
J'ay fait ce que vous m'aviez conseillé à l'égard de mr Dauneuil. J'ignore si on a remis chez vous une somme de mille écus à compte de ce qu'il me doit, et comment cette affaire a été arrangée. Je vous demande en grâce de recomander au sr Lesueur, de répondre quelquefois à mes lettres. Le secrétaire de mr le maréchal de Richelieu qui vient de passer à Lyon m'a assuré que mr Hoquet fermier de mr de Richelieu, et sous fermier du roy avait employé dans ses comptes en dépense tout l'argent qu'il me devait. Ainsi il n'aurait pas dû faire languir un payement déjà passé en compte. Je me flatte qu'à la fin il se sera aquité de son devoir.
Adieu monsieur conservez moy votre amitié, elle m'est nécessaire et prétieuse.
Je vous embrasse.
V.