le 12 novembre [1761]
Je fis partir il y a onze jours, mes chers frères, la scène que les comédiens ordinaires du roi demandaient.
Elle fut faite le même jour que je reçus votre avis. Je le trouvai excellent, et la scène partit le lendemain, accompagnée des rogatons que je renvoyais à m. Carré, comme Grizels, car, ah ah! et Goujus.
Je renvoie fidèlement tout ce qu'on me confie. Peut-être trouva-t-on le paquet trop gros à la poste de Paris; peut-être m. Jannel en a fait rire le roi. Je souhaiterais bien que sa majesté vît toutes mes lettres, et les paquets que je reçois. Il serait bien convaincu qu'il n'a point de plus zélés, et j'ose le dire, de plus tendres serviteurs que ceux qui sont appelés philosophes par des séditieux fanatiques ennemis du roi et de la patrie. J'exhorte tous mes amis à payer gaiement la moitié de leur bien, s'il le faut, pour servir le roi contre ses injustes ennemis.
Après cela on peut saisir des Grizel &a. On verra que les amateurs des lettres sont plus amateurs de la patrie que les convulsionnaires et les ennemis des arts. Je signe hardiment cette lettre, votre véritable ami
Voltaire