1761-08-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Vous nous avez renvoié François en très bonne santé, Monsieur, et tout le monde vous en remercie.

Voulez vous que je vous consulte sur une petite affaire? Le roy nous accorde, comme vous sçavez, quatre cent Louïs pour nôtre Corneille, et Mr le Controlleur général m'a mandé qu'il me les donnerait en éffets royaux. Mais quels éffets royaux dois-je demander? Ne connaissez vous point quelque manière d'arranger cette affaire? Vous êtes plus à portée que personne de me donner de bons avis, et je vous les demande.

Permettez-moi de vous demander un panier de vin de liqueur, attendu que nous allons avoir un peu de compagnie cet automne à Ferney.

Mr le Duc de Villars est fort content des Délices, et on commence à l'être de sa santé. Nôtre petit païs s'embellit tous les jours, mais il ne s'enrichit pas; Gex ressemble à Genêve comme une botte de foin à un collier de perles. Nous avons des comédiens auprès de Chatelaine, il n'y a que les genevois qui viennent les entendre, parce qu'il n'y a qu'eux qui aient de l'argent. Adieu, mon cher monsieur, je cachette avec un petit pain, parce que je n'ai pas encor ma cire.