31 d'auguste [1761]
Messieurs de l'académie françoise ou française, prenez bien à cœur mon entreprise, je vous en prie; ne manquez pas les jours des assemblées, soyez bien assidus.
Y a-t-il rien de plus amusant, s'il vous plaît, que d'avoir un Corneille à la main, de se faire lire mes observations, mes anecdotes, mes rêveries, d'en dire son avis en deux mots, de me critiquer, de me faire faire un ouvrage utile, tout en badinant? J'attends tout de vous, mon cher confrère.
Il me paraît que m. Duclos s'intéresse à la chose. Je me flatte que vous vous en amuserez, et que je verrai quelquefois de vos notes sur mes marges. Encouragez moi beaucoup, car je suis docile comme un enfant; je ne veux que le bien de la chose; j'aime mieux Corneille que mes opinions; j'écris vite, et je corrige de même; secondez moi, éclairez moi et aimez moi.