aux Délices 13 [July 1761]
Je compte, monsieur, dans une entreprise qui regarde l'honneur de la nation, consulter l'académie et je dois d'autant plus recourir à ses décisions pour cette petite préface que je mets au devant du Cid, qu'il s'agit icy de l'académie même, et de son fondateur.
C'est à elle à m'apprendre si j'ay concilié ce que je dois au public, à Corneille, au cardinal de Richelieu, à elle, et surtout à la vérité.
J'ose croire Monsieur qu'il ne serait pas mal à propos qu'on indiquast une assemblée extraordinaire. Je vous préviens d'abord que je tiens de Mr de Vendome l'anecdote dont je parle. Vous sentez combien elle est vraisemblable, et que je n'oserais la rapporter si elle n'était très vraie.
Il me parait qu'il ne sera pas indiférent qu'on sache que L'académie daigne s'intéresser à mon projet. Le Roy notre protecteur est le premier à donner l'exemple. Sa générosité charme tous les gens de lettres. Corneille sera plus honoré cent ans après sa mort qu'il ne le fut de son vivant. C'est à moy de ne point flétrir ses lauriers en y touchant. Je vous supplie monsieur de présenter mes profonds respects à l'académie. Vous connaissez mes sentiments.
V.
J'aurai l'honneur de vous envoyer L'Horace de Corneille avec les notes dès que vous m'assurerez qu'on voudra bien les examiner.