1761-07-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Joseph Thoulier d'Olivet.

Je viens de relire care Olivete votre belle histoire de l'académie.
Je tombe sur la page 72 où vous invitez les académiciens à ne se point refuser les secours d'une critique faitte par leurs confrères. Ne me les refusez donc pas, et ayez la bonté de lire avec attention la préface du Cid que j'envoye à mr Duclos notre secrétaire, en attendant les remarques sur toutte la tragédie des Horaces.

Quelque occupé que je sois d'ailleurs J'auray fini avant que les libraires puissent commencer. La gloire de la France et de l'académie que je crois intéressée à cette entreprise me donnera des forces, et me fera oublier ma faible santé.

Je ne suis pas en peine des souscriptions puis que Le Roy donne l'exemple, mais je voudrais pouvoir imprimer dans le programme les noms des académiciens qui favoriseront le nom de Corneille, et les mettre à la tête de la nation qui doit encourager ce travail.

Le prix sera très modique, il ne passera pas 40lt et si quelque particulier oublie qu'il a souscript, les princes s'en souviendront, aussi bien que tous ceux qui sans être princes sont soigneux de leur honneur.

Madame de Pompadour souscrit pour 50 exemplaires, mr le duc de Choiseuil pour vingt, d'autres pour quinze, pour douze. Enfin je me flatte que la nation fera voir qu'elle sait honorer le nom d'un grand homme dans les temps les plus difficiles.

Corneille m'appelle. Je vous quitte en vous le recommandant.

V.