21 auguste 1761
J'ai eu l'honneur, monsieur, de vous adresser l'épître dédicatoire à la compagnie, la préface sur le Cid, le commentaire perpétuel sur Cinna et les Horaces; voici le commentaire sur le Cid. M. l'abbé d'Olivet en a un qui est un peu plus ample, mais il sera aisé de rendre les deux exemplaires conformes, quand on aura eu la bonté de me les renvoyer.
Mrs Cramer n'attendent plus que la sanction de l'académie pour commencer l'impression. Mon parti est pris de commenter toutes les tragédies. Il y aura six ou sept gros volumes, ou huit in 4.. Comme j'ai fixé le prix à deux louis d'or, il y aurait beaucoup de perte au lieu de bénéfice pour melle Corneille sans le secours que le roi nous donne & sans la générosité des premiers de la nation.
Je ne me mêlerai en aucune façon de ce qu'on appelle improprement souscriptions. Quiconque voudra avoir le livre n'aura qu'à envoyer son nom au libraire de l'académie ou au portier de l'académie, ou écrire directement à mrs Cramer. Je donnerai mon temps, mon travail, et mon argent, pour cette entreprise et dès que les Cramer auront commencé, le public aura un volume tous les trois mois. Je vous demande en grâce de seconder mon zèle.
Ne pourriez vous pas nommer des commissaires pour examiner chacun de mes commentaires? Il me semble que m. Saurin pourrait nous rendre de grands services. Mais il n'y a pas un moment à perdre. Songez que j'ai soixante & huit ans, que je n'ai qu'un souffle de vie et que si je mourais inter opus, l'ouvrage irait comme moi à tous les diables.
Je vous embrasse de tout mon cœur.