1761-07-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Voici une lettre d'un Italien homme de très grande considération qu'il sera bon, mes frères, de faire imprimer dans tous les journaux.
Je crois que madame de Pompadour n'en sera pas fâchée.

Je ne sais pas encore si on a joué Oreste. J'en attends des nouvelles redolet antiquitatem; mais il fait bien chaud, et les Français parum colunt antiquitatem.

Je reçois dans ce moment la lettre d'un cher frère dans laquelle il me parle du bon goût du sieur Bellecour. Je crois qu'il serait bon de joindre le titre du Droit du seigneur à celui de l'Ecueil du sage; car les Bellecours et ejusdem farinæ homines ne savent pas qu'autrefois les seigneurs séculiers et prêtres avaient dans leurs domaines le droit de cuissage, le droit de prélitation; cette partie du sujet ignorée des comédiens perd de son piquant aux yeux de ceux qui n'en sont pas instruits.

On m'avait mandé qu'on jouait Oreste; apparemment qu'il n'en est rien.

Je prends beaucoup plus d'intérêt aux succès des frères, à la liberté de la littérature, à l'édition de l'Encyclopédie qu'à toutes ces misères, et je ne suis attaché au Droit du seigneur que pour l'avantage de frère Thiriot.

Voici une pièce de vers d'un m. Poinsinet. Il y a des choses heureusement dites et touchantes, intérêt à part. Ce m. Poinsinet n'est point du tout ami de Fréron, comme on me l'avait écrit. Au contraire il me paraît très honnête homme.