24 juin 1761
M. d'Argental m'écrit toujours, Monsieur, pour la Zulime.
Il me mande que Desauges la vend publiquement. Je me souviens très bien de ce dont nous sommes convenus sur cela. Zulime m'a esté présentée deux ou trois fois pour obtenir la permission, à la fin certain qu'on l'imprimeroit sans permission, je vous ay dit tout bas de la tolérer.
Ce que j'avois prévu est arrivé puisque c'est en province qu'on l'a imprimée. Ainsi toute notre permission se réduit à une tolérance très tacite. Puisque Desauges est assés mal adroit pour se laisser connoitre et dénoncer par les parties intéressées il faut bien faire en sorte que Desauges ne la vende plus, et en tout empêcher la publicité, c'est tout ce que mr d'Argental peut désirer puisque malgré nous une édition faite en province entreroit à Paris.
On dit qu'on imprime et même qu'on débite un roman traduit de l'anglois par l'abbé Prevost. Si vous sçavés ce que c'est je vous prie de me le mander.