ce lundi 25 mai 1761
On ne nous a point encor rien signifié Mon cher docteur.
Ils ont envoié leur procédure à Dijon, après avoir informé dans tout le vilage sur le déplacement de cette croie et sur le prétandu propos. Heureusement il n'y a eu qu'une seulle femme qui ait déclaré avoir entendu le propos.
J'ai eû une scène plus violante que vous ne pouvez imaginer, nom pas pour avoir refusé de signer, (car on ne me l'avait pas encor proposé) mais pour avoir dit dans la conversation que je craignais les procès. Nous avons pencé nous séparer. Enfin il est revenu, et m'a dit qu'il était sûr que je ne l'abbandonerais pas dans cette affaire. Je lui ai répondu, que je ne me sentais point la force de signer des choses que souvant je n'approuvais pas, ou d'autre qu'on ne me lisait pas. Que j'aurais beau lui promettre, il me serait impossible d'aller jus qu'au bout. Enfin à force de discutions j'ai donné ma procuration conjointement avec lui et avec le curé à Mr Arnoult, le plus fameux avoca de Dijon. Il a gagné le curé, homme foible qui n'entand point les affaires, qui s'est mis à pleurer et qui lui a dit qu'il s'en raportait à son seigneur. Il est question actuelement de gagner la comune et d'avoir d'elle la même procuration que nous avons signés. Si l'on peut y réussir et que l'affaire soit bien menée nous pourons nous deffendre mais j'aurais trop de chose à vous dire làdessus. Il faut apsolument Mon cher docteur que je vous parle, ou à Mr Tronchain Boissier, ou au Conseillé. Un homme nommé Cheferte a Ordre d'aller prendre les vôtres pour vous mener à Fernex quand vous pourez nous donner un moment. Mon Oncle écrit mémoir sur mémoir, papiés, sur papiés, à ce Mr Arnoult avoca, quoi qu'on ne lui ait encor rien dit. Je crois qu'il sera bien étonné.
Je suis pénétrée de reconnoissence, d'estime et d'attachement pour les trois respectables et aimables Tronchains qui sont et seront toujours ma trinité.