de Fernéi le 14 avril 1761
Monseigneur, que votre a. e. me pardonne mon petit enthousiasme un peu profane, la joie le rend excusable. Je ne sais ce que je fais, ma lettre manque à l'étiquette. Du temps de la naissance du duc de Bourgogne, tous les polissons se mirent à danser dans la chambre de Louis XIV. Je serais un grand polisson dans Schwetzingen, si je pouvais dans le mois de juillet être assez heureux pour me mettre aux pieds du père, de la mère, et de l'enfant. Un fils et la paix, voilà ce que mon cœur souhaite à v. a. s. e. et un fils sans la paix est encore une bien bonne aventure. Je me mets à vos genoux monseigneur! Je les embrasse de joie. Agréez, vous et madame l'électrice, ma mauvaise prose, mes mauvais vers, mon profond respect, mon ivresse de cœur et daignez conserver des bontés à votre petit Suisse
Voltaire