aux Délices 9 février [1761]
Voicy la plus belle occasion mon cher ange d'exercer votre ministère céleste.
Il s'agit du meilleur office que je puisse recevoir de vos bontez. Je vous conjure mon cher et respectable ami d'employer tout votre crédit auprès de M. le duc de Choiseuil, auprès de ses amis, s'il le faut auprès de sa maitresse, etc. etc. etc. Et pourquoy osai-je vous demander tant d'appuy, tant de zèle, tant de vivacité, et surtout un prompt succez? pour le bien du service, mon cher ange, pour battre le duc de Brunswik. M. Galatin, officier aux gardes suisses, qui vous présentera ma très humble requête est de la plus ancienne famille de Geneve. Ils se font tuer pour nous de père en fils depuis Henri quatre. L'oncle de celuy cy a été tué devant Ostende, son frère l'a été à la malheureuse et abominable journée de Rosbac, à ce que je crois, journée où les régiments suisses firent seuls leur devoir. Si ce n'est pas à Rosbac, c'est ailleurs, le fait est qu'il a été tué. Celuy cy a été blessé. Il sert depuis dix ans, il a été aide major. Il veut l'être. Il faut des aides majors qui parlent bien allemand, qui soient actifs, intelligents. Il est tout cela. Enfin vous saurez de luy précisément ce qu'il luy faut. C'est en général la permission d'aller vite cher-cher la mort à votre service. Faittes luy cette grâce, et qu'il ne soit point tué car il est fort aimable, et il est neveu de cette madame Calendrin que vous avez vue étant enfant. Made sa mère est bien aussi aimable que madame Calendrin.
…..V.