Mille tendres remerciments à mr Damilaville et à mr Tiriot.
Point de roman de Jean Jaques s'il vous plait; je l'ay lu pour mon malheur; et c'eût été pour le sien si j'avais le temps de dire ce que je pense de cet impertinent ouvrage. Mais un cultivateur, un masson et le précepteur de mademoiselle Corneille et le vangeur d'une famille accablée par des prêtres n'a pas le temps de parler de romans.
Voicy pourtant, mes amis, une petite réponse que j'ay eu le temps de faire à mr Deodati. Vous me rendrez un important service en la faisant imprimer, en la donnant à tous les journaux. Ny mr de Richelieu, ny le prince de Soubise, ny le maréchal de Broglie, ny mr Diderot n'en seront fâchez. J'estime qu'il conviendrait assez que mr Daquin imprimât dans son hebdomadaire cette petite réponse et qu'il en envoyât des exemplaires à tous les intéressez. En voicy deux exemplaires, l'un pr m. Deodati, l'autre pr mr Daquin.
Mille remerciements encor une fois. Joue t'on Tancrede? joue t'on le père de famille? O mon cher frère Diderot je vous cède la place de tout mon cœur et je voudrais vous couronner de lauriers.
Mon ancien ami Tiriot saura que Daumart mon parent n'a point la vérole. J'ay de l'admiration pour mr Bagieu, il a deviné tout ce que Tronchin a vu, et tout ce qu'il a dit. N'aurai-je point la feuille contre mr Le Brun, contre melle Corneille, et contre moy?
J'ay renvoyé à mr Jannel le pallade du roy pr mr Caperonier, bibliotécaire. J'ay écrit à l'un et à l'autre.
Ainsi mr Tiriot peut m'envoyer le roman Poupliniere qui me fera sans doute plus de plaisir que celui de Jean Jaques.
au châtau de Tournay 25 janvier [1761]