[c. 12 January 1761]
Monsieur Cramer est prié instamment de renvoier l'original de la requête, signé De Croze, laquelle il a eu la bonté d'imprimer; on sera bien aise d'aprendre à Genêve, ce que c'est qu'un curé de France.
Le nommé Ancian, curé et assassin de village, a l'insolence d'intenter à De Croze un procez criminel en réparation d'honneur, et traitte sa requête au Lieutenant criminel, de Libelle diffamatoire; il le somme de déclarer dans trois jours si ce libelle diffamatoire est de lui (De Croze) ou de quelque autre; tout celà est assez plaisant, pour un Curé adjourné personnellement, dont les complices sont décrétés de prise de corps.
Le bon de l'affaire, c'est qu'en cas que de Croze soit assez imbécile pour désavoüer sa requête et sa propre signature, il désavoue par celà seul toute sa procédure, et se soumet à payer tous les frais; il ne sçait pas la conséquence de ses fausses démarches; il est absolument nécessaire que le géant aille lui même lui mettre un peu de cœur au ventre; et il faut qu'il aille dans cette affaire à pas de géant.
Gabriel, Philibert, et tout le vieux Testament sont trop bons huguenots, pour négliger cette affaire. Il me semble que c'est la cause du genre humain. Voilà (par parenthèse) comment toutes les affaires se sont traittées jusqu'à présent dans le païs de Gex.
Je suplie monsieur Gabriel de vouloir bien m'envoyer toutes les feuilles de Tancrède, avec le carton du 2d acte, et ce qui est imprimé de L'Epitre en Postface à mon signore Albergati Capacelli, senatore di Bologna.