1761-01-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles de Brosses, baron de Montfalcon.

Je vois monsieur que vous vous intéressez au sr de Croze.
Son fils a été en effet en danger de mort pendant quinze jours. Il mérite votre compassion. Je savais que les curez du pays de Gex étaient fort insolents, mais je ne croiais pas qu'ils fussent assassins. On trouve fort étrange que les complices aient été décrétez de prise de corps, et que le chef n'ait été qu'assigné pour être ouï; on trouve encor plus étrange qu'il dise la messe. Rien n'est si bon que la messe, mais les assassins ne doivent pas la dire. Vous entendez d'icy les cris de Genève. Ce n'est pas à ses portes qu'un prêtre doit être impuni. On espère que le parlement éclairera ou rectifiera la conduitte des juges subalternes, et surtout on espère beaucoup de votre protection et de votre justice.

Je me flatte monsieur que je n'entendray jamais parler de Charles Baudi, et que vous conserverez votre amitié à l'homme du monde qui la désire le plus et qui en est infiniment honoré.

V.