21 xbre [1760]
Monsieur,
J'avais déjà lu vos doutes.
Ils m'avaient paru des convictions. Je suis bien flatté de les tenir de la main de l'auteur même. Les langues que vous possédez et que vous enseignez sont nécessaires pour connaître l'antiquité, et cette connaissance de l'antiquité nous montre combien on nous a trompés en tout. C'est l'empereur Camhi autant qu'il m'en souvient, qui montra à Fr. Parennin, jésuite de mérite et mandarin, un vieux livre de géométrie dans lequel il est dit que la proposition du carré de l'hypothénuseétait connue du temps des premiers rois. Les Indiens revendiquent cette démonstration. Ce petit procès littéraire au bout du monde dure depuis 4 ou 5 mille ans, et nous autres qu'étions nous il y a 20 siècles? Des barbares qui ne savions pas écrire, mais qui égorgions des filles et des petits garçons à l'honneur de Teutates, comme nous en avons égorgé en 1572 à l'honneur de s. Barthelemy.
Un officier qui commande dans un fort près du Gange et qui est l'ami intime d'un des principaux bramins m'a apporté une copie des 4 Vedams qu'il assure être très fidèle. Il est difficile que ce livre n'ait au moins 5 mille ans d'antiquité. C'est bien à nous qui ne devons notre sacrement de baptême qu'aux usages des anciens Gangarides qui passèrent chez les Arabes et que n. s. J. C. a sanctifiés, c'est bien à nous vraiment à combattre l'antiquité de ceux qui nous ont fourni du poivre de toute antiquité! Le monde est bien vieux. Les habitants de la Gaule cisalpine sont bien jeunes et souvent bien sots ou bien fous. Si quelqu'un peut les rendre plus raisonnables c'est vous mr, mais on dit qu'il y a des aveugles qui donnent des coups de pied dans le ventre à ceux qui veulent leur rendre la lumière. Je suis plein d'estime pour vous monsieur et des plus respectueux sentiments.
V.