1760-12-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Je vous écris vendredy au soir avant que la partie quarée de madame de Bouillon soit arrivée.
Or vous savez mon cher correspondant ce que c'est que la partie quarée de made de Bouillon, c'est une femme et trois hommes, femme ou fille il n'importe. Quand Chimene sera venue, nous l'en aimerons mieux en sachant que vous l'avez trouvée bon enfant. Mais elle arrivera dans un temps funeste. Notre pauvre Daumart est condamné à mort. Il n'y a plus de grâce à espérer. Nous voilà dans les longues soirées d'hiver avec un mourant. La situation est douloureuse. Cela me donne du noir.

Les dix mille livres seront je crois payées à vüe, ou du moins à la fin du mois.

Voulez vous permettre que l'incluse aille francoà Paris? Elle poura faire venir encor quelques gouttes d'eau.

Le bruit se répand icy, comme savez, que le Roy de Prusse a fait sa paix avec Marie Terese. Vous n'en croyez rien ny moy non plus.

Madame Denis et moy nous souhaittons les bonnes fêtes aux quatre huguenots.

V.