22e 9bre 1760 aux Délices
Sur la dernière lettre que vous me faites l'honneur de m'écrire, monsieur, sur le nom de Corneille, sur le mérite de la personne qui descend de ce grand homme, et sur la lettre que j'ai reçue d'elle, je me détermine avec la plus grande satisfaction à faire pour elle ce que je pourrai.
Je me flatte qu'elle ne sera point effrayée d'un séjour à la campagne où elle trouvera quelquefois des gens de mérite, qui sentent tout celui de son grand-père. Mr de Laleu, notaire très connu à Paris et qui demeure dans votre voisinage, rue Ste Croix de la Brétonnerie, vous remboursera sur le champ et à l'inspection de cette seule lettre, ce que vous aurez déboursé pour le voyage de mlle Corneille; elle n'a aucun préparatif à faire; on lui fournira en arrivant le linge et les habis convenables. Mr Tronchin, banquier de Lyon, sera prévenu de son arrivée, et prendra le soin de la recevoir à Lyon, et de la faire conduire dans les terres que j'habite; puisque vous daignez, monsieur, entrer dans ces petits détails, je m'en rapporte entièrement à votre bonne volonté et à l'intérêt que vous prenez à un nom qui doit être si cher à tous les gens de lettres.
J'ay l'honneur d'être avec tous les sentiments de l'estime et de l'amitié que vous m'inspirez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire