28 xbre 1760
Mon cher monsieur les 15 m.lt tournois en cinq petites lettres de change sont pour le quinze avril, terme de l'échéance des trois rois.
Elles sont à l'ordre de des Franches. Il est bon de se faire un ami dans le sénat Romain. J'ay eu un peu de peine avec le consul Lulin de Châtauvieux. Il doit encor cent louis d'or d'une lettre de change que je luy donnai il y a deux ans, mais il faudra bien qu'il paye. A l'égard du géant de la république Pictet de Varembé, ses sœurs ont signé avec luy. C'est un fonds pour made Denis. Il a des prés verds qui répondent.
Il y a encor dix mille livres prètez à un gentilhome savoiard qui demeure aux portes de Geneve, et ces dix mille livres sont hippotéquez sur sa terre par privilège. Je vous rends un compte exact afin de vous faire voir que si je fais des plaisirs, je prends les sûretez convenables.
Les jésuittes ont entièrement rendu la place, il ne reste plus malheureusement qu'à battre la citadelle de votre secrétaire d'état Chapeaurouge qui s'était fait très mal à propos le prête nom des jésuittes. J'en suis fâché pour luy. Il n'a pas voulu s'accomoder. Les six frères Crassi à qui le domaine appartient ne veulent plus le ménager. Cette affaire ne sera ny agréable ni utile pour luy. Ignace et Calvin pleureront à la fois. Vous savez peutêtre qu'il y a des gens qui ont voulu s'opposer à mes plaisirs de Tourney. Ils n'y réussiront pas. Ils auront en tête made Denis. Je pourai rendre les Délices, mais je serai le maitre chez moy comme de raison.
Avez vous lu le livre des impôts? On dit que l'ami des hommes n'est pas l'ami des ministres. Apropos avez vous reçu ma lettre d'avis touchant une lettre de change tirée sur vous à l'ordre de la Chaux, receveur du domaine de Gex?
Tandis que j'y suis en voicy une de six mille cinq cent livres sur mrs Tourton et Baure.
Nous avons eu à Ferney les voiageurs à qui vous eûtes la bonté de recomander Chimene. Cette Chimene est une très aimable enfant. Elle veut absolument vous dire combien elle est sensible à touttes vos attentions obligeantes.
Je serais une ingratte si je ne remerciais pas Monsieur Tronchin et monsieur le docteur. On dit qu'il y a dans ces cantons des gens qui ne respectent pas assez mon père Jesu, et mon grand père Corneille; mais je n'en suis pas moins reconnaissante envers Messieurs Tronchin et Camp.
Corneille