à Paris le 14 8^bre 1760

Monsieur,

En conséquence de vos ordres, j'ai suspendu aujourd'huy à la Chambre les exemp. du Czar et j'en ai addressé un sur le champ sous le contreseing à M. de Moncrif aux Ormes avec le billet que vous luy avés destiné.

Robin, qui me pressoit vivement pour les luy faire rendre, m'avoit fait écrire ce matin par M. D'Argental la lettre que je joins icy, et j'ai été fort aise de recevoir à tems la vôtre Monsieur, pour me dégager de l'embaras où je me trouvois; je ne dois cependant pas vous cacher que ce qui a sans doute déterminé M. D'Argental à prendre tout sur son compte, c'est que l'ouvrage a été imprimé à Lyon d'où il a été répandu dans les Provinces, et qu'à Versailles on le vend publiquement, d'où il en passe beaucoup à Paris.

Je connoissois bien le Libele contre Bezançon que j'ai l'honneur de vous envoyer; j'ai eu beaucoup de peine à le trouver parcequ'il n'i en a eu que très peu d'exemplaires de distribués icy; J'avois déjà reçu des ordres de M. le L^t de Police pour sévir contre l'auteur et l'Imprimeur, mais j'ai fait inutilement tout ce que j'ai pû; ce qu'il y a de certain, c'est que cet ouvrage a été fait et imprimé à Bezançon, qu'il n'i en a eu dans Paris qu'environ 25 de distribués qui ont été portés par un inconnu et qu'on ne pourra le découvrir que dans le cas où il en raporteroit encore, ce qui est fort douteux; quoyqu'il en soit, je vous suplie d'être persuadé que je ferai de mon mieux pour remplir votre intention.

Je suis avec un trés profond respect

Monsieur

Votre trés humble et très obéissant serviteur

D'Hemery