à Paris le 24 oct. 1760
Monsieur,
Je ne m'étois affligé que par le malheur que je croiois avoir eu de vous déplaire, mais puisque vous avez la bonté de m'assurer le contraire, je suis on ne peut pas plus content, et je vous suplie d'être persuadé que je ferai toujours de mon mieux pour mériter vôtre protection et la confiance dont vous voulez bien m'honorer.
L'ordre que vous m'avés addressé monsieur, pour le tome per du Czar, est ce que m. D'Argental désire; je ne vois point de difficulté de luy en faire part ce matin sans luy communiquer votre billet, parce que c'est aujourd'huy jour de Chambre et que je le ferai exécuter s'il le trouve bon, avec d'autant plus de raison que nous n'aurons point de Chambre mardy prochain; moyennant cet arrangement, ces Ballots sortiront de la Chambre sans difficulté et vos intentions seront remplies pourvû que Desaint veuille se prêter à les rendre à Robin et que celuy cy ait assés de prudence pour n'en pas rendre le débit trop public. Je ferai de mon mieux pour que tout se passe bien et j'aurai l'honneur de vous en rendre compte.
Desaint m'a assuré que vous luy aviez permis monsieur, de faire passer à la Chambre cent exemp. qui y sont suspendus d'un ouvrage intitulé: Dialogues des morts traduits de l'anglois par M. le professeur de Joncourt. Si cela est je vous suplie de m'adresser un ordre pour les rendre et de me marquer si ce sera un ordre particulier ou un ordre général.
M. de Villevault m'a dit qu'on l'avoit assuré que le Prieur réimprimoit le mémoire de M. Dupleix contre la Compagnie des Indes et qu'il me prioit très instamment de l'empêcher; Il n'i a point d'autre parti que de faire une visite chés cet imprimeur tant pour s'assurer de la vérité, que pour constater le nombre d'exemplaires qui luy en reste de la pre édition. Si vous jugés àpropos que je fasse cette opération, je vous suplie monsieur de m'adresser un ordre pour m'y autoriser. Je n'en aurois pas eu besoin absolument si m. Salle n'eût pas été malade, parce que nous aurions fait cette besogne, en faisant nos visites ordinaires dans les Imprimeries, ainsi que je l'avois dit à m. de Villevault.
Je suis avec un profond respect,
Monsieur,
Votre trés humble et très obéissant serviteur
D'Hemery