à Colmar, le 7e 8bre 1753.
Monsieur,
Mr de Voltaire s'étant à la fin déterminé de reçevoir les 5850 Reichsthalers pour les quartiers de sa pension actuellement échus sur le pied de 3lt 15s le Reichsthaler en se réservant de s'arranger pour L'avenir, ainsy que Votre Excellence voira par la copie de la lettre de mr de Turckheim cijointe, je me suis engagé envers ce dernier de luy remettre mercredy prochain que je pense de me rendre à Strasbourg, La somme de 16/mlt àcompte et de luy faire tenir le surplus dans la quinzaine, dont il m'a témoigné être content.
Les affaires dans cet état je pensois que nous n'aurions aucunes difficultés à appréhender de la part dudt Mr de Voltaire à l'égard de cette pension; mais selon le discours que ledt Mr de Voltaire (qui se trouve depuis quelques jours dans cette ville de Colmar) m'a tenu ce matin, il n'a pas encor renoncé à la mieux valüe des Ecus de Brandenbourg sur ceux d'Empire.
Quoyqu'il m'ait assuré d'être intentionné de remettre la décision de cette affaire à la Bonté et Clémence de son altesse sme Monseigneur le Duc, il n'a laissé que de m'insinuer qu'il perdoit considérablement sur cette Evaluation et qu'il espéroit que sadite A: sme y remédieroit.
Outre cela il m'a dit effectivement en des termes pleins de respects pour S. A. Sme que comme La promesse sous sa signature portoit entr'autres conditions qu'au sujet de la pension dont il s'agit il seroit passé un Contract en forme oû il le souhaiteroit et que sa famille insistoit à ce que ce Contract soit passé dans ce pays ici, il étoit venu exprès à Colmar pour finir cette affaire et me prioit d'en informer Votre Excellence pour qu'Elle ait La Bonté d'en rendre compte à sa Dite A. Sme et de faire venir pour cet Effet une procuration pour La personne que S. A. Sme jugera àpropos de commettre pour la passation dudt acte, sans s'être expliqué davantage.
J'ay cependant remarqué qu'il avoit consulté sur cette affaire là mr L'avocat Dupont qui étoit présent à tout ce qu'il m'a dit; mais j'ignore à quelle fin.
Il m'a dit aussy qu'il prétendoit de ne point être tenu à me fournir un Certificat de vie au bour de chaque quartier ainsy que les ordres qui m'ont été addressé par Le Conseil de régences de S. A. Sme le portoient, mais qu'une Lettre écrite de sa main devoir me suffire pour le payer à chaque échéance.
Ledt Mr de Voltaire m'a dit à la fin qu'il étoit encor sans réponse sur la lettre qu'il avoit eu L'honneur d'écrire en dernier lieu à son Excellence Monsieur le Baron de Hardenberg, duquel il seroit bien aise d'avoir des nouvelles.
Dans ces Circonstances je suplie très humblement Votre Excellence d'avoir la Bonté de me marquer ce que je dois répondre audt Mr de Voltaire sur tout ceci pour ne pas le laisser trop long temps sans luy donner des nouvelles sur ces objets.
En attendant je suis toujours intentionné d'aller mercredy prochain à Strasbourg pour finir avec Mr de Turckheim L'article des quartiers échus.
J'ay L'honneur d'être avec le plus profond respect
De Votre Excellence
Le très humble & très obéissant serviteur
Flachsland