[6 September 1760]
Mon cher Esculape, vous m'écrivez comme si vous me soupçonniez d'être le crétien auteur des dialogues.
Vous avez trop d'esprit et trop de goust pour ne pas sentir que cette rapsodie ne peut être de moy. C'est outrager le bon goust et moy que de m'attribuer une telle sottise. L'auteur est bien lâche de n'oser se nommer, et bien méchamment fou de l'avoir fait imprimer avec un V à la tête, sous le titre de Geneve. Ny vous ny moy n'estimons Vernet. Il y a un genevois qui s'avise d'imprimer que Vernet est un fripon; mais je le serais moy, si je vous disais que je ne suis point l'auteur de cette brochure après l'avoir faitte. Je suis fâché pour Geneve qu'on soit assez peu connaisseur pour me l'attribuer, et je suis indigné qu'on me croie assez timide pour me vanger ainsi de Vernet par une brochure. Ce n'est pas Vernet qu'on outrage par cette feuille, c'est moy, quand on a l'insolence de mettre la première lettre de mon nom au devant de la feuille. On dit que cela fait baucoup de bruit; il est à désirer que celuy qui a abusé de mon nom, soit connu. Souvenez vous je vous en prie mon cher Esculape que je vous ai mandé que je souhaittais que l'on brûlât l'ouvrage, et qu'on punît le libraire et l'auteur. Madame Denis est aussi indignée que moy. Nous croyons connaître l'auteur, mais nous sommes plus sages que luy.