1er 7bre 1760
Monsieur,
Le cousin de mr Aléthof est presque aussi malade que mr Aléthof l'était pour avoir lu le discours de Mtre Le Franc; mais il espère qu'il n'en mourra pas comme ce pauvre Aléthof; le thé de l'empereur de la Chine fortifiera son estomac; il ne s'attendait pas à recevoir une marque si touchante de vos bontés; il aura l'honneur de vous envoyer incessamment un exemplaire de l'histoire de l'empereur, qui a fait, pour le moins, autant de bien à son pays, que les Yao, les Yu et les Fo-hi en ont fait au leur.
Un Russe à Paris tel que vous, monsieur, est fait pour donner une grande idée de la nation que Pierre le grand a formée, vous êtes, entre nous, un de ses meilleurs ouvrages. On dit qu'on va jouer à Paris un chevalier errant, nommé Tancrède. Je voudrais bien que vous fussiez à Paris, quand on donnera cette farce, et que vous voulussiez avoir la bonté de m'en dire votre avis; souvent ce qui plaît en France, ne plaît qu'à des Français, mais ce qui obtient votre suffrage doit obtenir celui de l'Europe; si je n'étais pas malade, je vous en dirais bien davantage; il faut que je m'en tienne à vous assurer, monsieur, de mon très sincère et tendre respect.