11e Août [1760]
Monsieur Helvetius et mr La Poplinière, Madame, sont à mes yeux des hommes respectables car ils sont philosophes, et ils font tout le bien qu'ils peuvent.
Ils ne présentent point de mémoires au roi, pour lui dire qu'ils ont une belle bibliothèque, et qu'ils ont eu autrefois des conversations amicales avec le feu chancelier d'Aguesseau; il n'en est pas de même de mr Lefranc de Pompignan; il écrit au Roy, il n'est point philosophe, et il fait tout le mal qu'il peut.
J'ai vû enfin les Lettres de Mr Palissot de Montenoy; je ne sçais pas si la religion et la morale enseignent à faire imprimer les lettres d'un homme sans son consentement; il a un peu altéré la pureté du texte; mais il ne faut pas y regarder de si près, tous ces rogatons me viennent fort tard, et je n'ai lû aucune fréronade.
Je remercie mr D'Arget de son souvenir, et je vous prie, Madame, de vouloir bien lui dire que je lui suis toujours très tendrement dévoüé, je ne sçais point quel est l'auteur du poëme sur la peinture, dont vous me parlez, ni quelle est son avanture; je ne Connais de sœur du pot, que celle de mon village. Aureste, je ne réponds à toutes les calomnies dont on accable les philosophes, et à toutes les accusations ridicules d'irréligion, qu'en faisant bâtir actuellement une Eglise; je sçais bien que cette bonne œuvre me ruine dans ce monde cy, mais Dieu me le rendra dans l'autre; je voudrais pouvoir un jour y entendre la messe avec vous…..c
V.