6 d'auguste [1760]
Je suis extrêmement sensible, monsieur, à toutes les marques d'attention que vous voulez bien me donner.
Je n'ai point vu mes lettres que le sieur Palissot a jugé à propos d'imprimer: je doute fort qu'il ait conservé la pureté du texte. On dit aussi qu'on a imprimé un factum de Ramponeau dans lequel on a tronqué plusieurs passages, et étrangement altéré le style de cet illustre cabaretier. Comme je suis tout à fait son serviteur en qualité de bon parisien, je suis fâché qu'on ait défiguré son ouvrage.
On me parle beaucoup de la comédie de l'Ecossaise, traduite, comme on sait, de l'anglais de m. Hume, prêtre écossais. On prétend que le sr Fréron veut absolument se reconnaitre dans cette pièce. Mais comment peut il penser qu'on ose dire du mal d'un homme comme lui qui n'en a jamais dit de Personne? Je n'ai point vu la requête du sr Carré, traducteur de l'Ecossaise, contre le sr Fréron. On dit qu'elle est très honnête et très mesurée. J'ai oublié, monsieur, votre demeure, mais je suppose que ma réponse ne vous en sera pas moins remise.
J'ai l'honneur d'être bien véritablement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
V.