A Paris, ce 9 juillet 1760
Si je ne vous ait pas écrit plutôt monsieur pour vous remercier de toutes les honnêtetés que j'ai éprouvé de votre part à Geneve l'espérance de m'aquiter plutôt de votre comition auprès de Mr de Choiseul me l'a fait retarder, craingnant toujours de vous ennuier en augmentant ce tas de lettres inutiles dont vous êtes acablé si souvent et qui consument cependant un tems qui ne peut qu'être prétieux au public et à vous même aiant envie de s'instruire.
L'envie de vous écrire plus fortes que toutes ces considérations m'y entraine. Je ne le fais pas dans le dessein de vous engager à faire un pièce contre un parant bizare en vous envoyant le plan nécessaire encore moins des lettres adressés pour mr Ivanow, qui au fond est un galant homme n'aiant fait d'autre mal conu que celuy de prendre un nom suposé et de renvoier ses créancier fort mécontens, lesquels viennent luy demander de l'argent. Je ne le ferai donc que pour vous demander la continuation de vos bontés au quels je n'ai d'autre droit que cet atachement et admiration que chacun doit avoir pour vous monsieur lorsqu'ils ne pensent pas comme les Chaumaix etc.
J'ai trouvé à mon arivé à Paris un genre de litérature foudroyante, des mauvaises brochures contre les filosofes et gens assez patient pour les lire. On donnera la semaine prochaine aux Italiens les petits filosofes, suite de celle qui a été donnée au françois et qui aura probablement ainsi que l'autre ces admirateurs.
Tout Paris est enchanté du pauvre Diable. Mr Vadé n'a jamais été aussy plaisant de la vie. On luy saura certainement mauvais gré à l'autre monde d'avoir pétrifié dans celuy cy même à sa mort ce pauvre abbé Trublet qui ne ferme pas les yeux depuis que Catherine Vadé a rendu public l'ouvrage de feu son oncle.
Dès que j'aurai été à Versailles je ne manquerai pas monsieur de m'aquiter de votre comition auprès de mr De Choiseul. J'en suis d'autant plus flaté qu'elle me fournira l'ocasion sauf à vous ennuier de vous renouveler de nouveau les assurances de l'admiration et du respect avec lequel j'ai l'honeur d'être
Monsieur,
Votre très humble
et très obéissant serviteur
Comte Alexandre de Worontzow
Agrez monsieur les assurances de mon respect pour madame Denis.
Je viens de recevoir de mr Alethof, cousin de mr Kouranskoy, le discours dont feu mr Kouranskoy l'avait fait dépositaire. Je frémis pour tous mes compatriotes quand je pense que son discours nous atirera la vengeance de tous ceux dont il a eu la témérité de parler. Je n'ai d'autre espérance que celle de trouver dans une étendue come celle de Riga à la Chine quelques braves Chaumaix et Berthier pour faire face à ceux d'icy.