à Berlin , le 7 Juillet 1760

Monsieur,

Vous avez écrit à M. Rey pour prendre des informations au sujet de la Lettre que Vous aviez adressée à M. de Voltaire, en 1756 et que j'ai insérée dans mes Feuilles périodiques de 1759.
Je viens de parcourir nos Libraires, pour voir si je pourrois en trouver un Exemplaire, & vous l'envoyer; mais je n'ai pû la recouvrer. Ce que j'ai l'honneur de vous certifier, Monsieur, c'est ce que cette Lettre étoit effectivement imprimée avant que je l'aye publiée, et que nos Libraires la débitoient en 1758. Il n'y avoit au titre, ni lieu, ni année; le papier & les caractères avoient tout à fait l'air d'une impression d'Allemagne; & elle étoit assez remplie de fautes d'impression. Je voudrois pouvoir satisfaire plus exactement au désir que vous avez de savoir coment cette Lettre a été fournie à la presse; mais voilà tout ce que j'en sçais, soyez en persuadé.

Cette Lettre qui ne m'étoit point connue, (& cela n'est pas surprenant, puisqu'on ne la conoissoit pas même à Paris, lorsque je l'y ai envoyée, il n'y a pas longtems, à mon digne ami, Mr. l'abbé Trublet), cette Lettre, dis-je, me plut beaucoup; & la trouvant déjà publique, mais presque ignorée, je ne fis pas scrupule d'en répandre davantage la connoissance. J'y joignis en même tems quelques Remarques au bas du Texte. Je fais remettre ces deux Feuilles à Mr Rey pour vous les envoyer dans la pensée que je puis mettre mes Remarques sous les yeux d'un Philosophe tel que vous, sans craindre de vous aigrir, ni de vous indisposer contre moi. Sur le pied où sont les choses aujourd'hui à l'égard de ces questions, ceux qui les traitent, doivent dire,