1760-07-05, de Étienne François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul à Voltaire [François Marie Arouet].

Je n'ai que le temps, mon cher solitaire, de vous adresser le passeport que vous avez désiré pour vos deux grosses joues anglaises; ce n'est pas la politique qui accorde cette permission; mrs les Anglais ne se prennent pas par les attentions; c'est le motif du plaisir du jeune Fox qui me détermine, et de le lui procurer par vos mains.
Vous êtes le roi du plaisir; tout ce que vous écrivez m'en fait tant que je ne puis pas refuser que vous en fassiez aux autres; le Pauvre diable est charmant. D'Argental vous répondra sur les surplus de vos lettres; il ne m'aime pas d'Argental et il a tort, car il faut aimer ses amis, quand même ils ne penseraient pas toujours comme nous, et surtout il ne faut pas les désapprouver. Mon Fréron n'a jamais fait un vers pour moi. Adieu, mon cher solitaire; si le corps de Fouquetétait destiné à signer la paix à Vienne, il y aura du mécompte dans cette gasconnade.