1760-05-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Je n'ay pas un moment, la poste part.
Je reçois la bétise qu'on a jouée à Paris. J'en lis deux pages, je m'ennuie, et je vous écris.

Vous m'envoyez mon cher et ancien ami d'autres bêtises qui ne sont pas de Resseguier mais de le Franc et de Freron et moy je vous envoye des que, qui m'ont paru plaisants.

J'avais déjà retiré ma guenille tragique quand Clairon est tombée malade, j'ay déclaré que je ne voulais rien donner à un téâtre où l'on a joué la raison et mes amis.

Il m'est d'ailleurs très égal qu'on joue des pièces de moy, ou qu'on n'en joue pas. Je n'attends nulle gloire de ces performances. L'intérest n'y a point de part puisque je donne le profit aux comédiens. Mrs Dargental font ce qu'ils veulent pour s'amuser.

D'ailleurs je me fous de tout bon ou mauvais succez et de touttes les sottises de Paris, et des réquisitoires et de mtre Abraham Chaumex et des Frerons, et des le Franc et de tutti quanti. Il faut ne songer qu'à vivre guaiment, et c'est à quoy j'ai visé et réussi.

Nisi, quod non simul essem, cætera lætus.

26 m

Envoyez moy donc les quand, les si, les pourquoy qu'on dit imprimez en couleur de rose, et les oui et les non.

V.