1760-01-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Monsieur,

La compagnie prête à se former, peut aisément se dissoudre.
Je crois qu'il faut profiter du moment où Mr Tronchin, banquier de Lyon, est appellé à Versailles par M. le controlleur général dont il a la confiance. Ce moment heureux ne se retrouvera peutêtre jamais. La compagnie peut se charger, non seulement de traitter avec les fermiers généraux pour le sel et le tabac, mais de traitter aussi avec le roy pour les tailles, capitation et impositions de la province. Il s'agit de donner tout d'un coup une forte somme dans la quelle vous entrerez pour la somme qu'il vous plaira. Cette entreprise, à ce que je présume, doit se faire au nom de la province. Les sindics présenteront la soumission au contrôleur général. Ils traitteront avec la compagnie. Vous serez à la tête de tout. Il s'agit d'un avantage bien considérable pour vous et pour la province. Je suis déjà instruit par votre mémoire de ce que peut valoir la vente libre du sel.

On vous demande à combien peut aller l'entreprise du tabac, et à quoy se monte le total des impositions.

On attend de vous monsieur une réponse décisive.

J'envoye un expres et je vous supplie d'instruire de vos volontez votre très humble et très obéisst serviteur.