ce 24 décembre 1759
Vous voudrés bien, je pense, sans que dans Votre esprit je passe pour importune, que je Vous avertisse Monsieur que je Vous ai écris samedy passé sous le couvert conu à dix heures du soir, et que je Vous y ai joint un assés gros paquet, au quel Vous deviés Vous attendre.
Je me flatte autant que que je le souhaite que le tout vous sera parvenu sans aucun accident fâcheu; il m'a parue par les précautions qu'on a mise, à tout cela, plus que de coutume qu'on prend les choses come l'on doit et très sérieusement. Je serois je Vous l'avoue Monsieur trop heureuse si je pouvois espérer de la voir réussir et bien vite, et bien promtement. Pour la promtitude et l'exactitude je n'ai sûrement rien à me reprocher n'ayant pus avoir d'autre part en toute cette affaire. Vous aurés un jour toute la gloire quand cette belle pièce sera représenté sur le théâtre. Je brûle d'envie de la voir quoique j'ignore encor le nom et le sujet, de cette belle production de l'esprit humain. Tout ce que j'en sais c'est quelle est digne de Votre esprit et de Votre coeur. Je me suis bien trompée Monsieur l'autre jour en Vous disant que Giesen étoit entre les mains des Alliées: elle n'est encor à l'heure qu'il est que bloquée. La diligence que Le Prince Héréditaire a faite avec ces troupes est inconcevable sur tout dans la saison où nous somes. Le froid est exécif et aproche fort de celui de l'anée quarente. Je Vous souhaite le retour d'une nouvelle anée acompagnée de toutés les félicités que Vous mérités si bien à tous égard. Veuille le ciel Vous conserver longués et Vous combler de toutes les prospérités imaginable. Conservés moi Monsieur Votre chère Amitié qui fait le charme de ma vie. J'existrai toujour heureuse si je puis Vous admirer et Vous témoigner tous les sentimens que Vous savés si bien inspirer. Toute ma famille Vous présente son estime et sa tendresse. La grande Maitresse des cœurs Vous adore.