21 septb [1759]
Comme je vous écris toujours avant de recevoir mes lettres de la poste je laisse à d'autres mon cher monsieur le soin de vous mander les nouvelles d'Allemagne.
Il y a de bonnes âmes qui pensent à la paix, mais elles ne seront pas écoutées.
J'attends une visite du conseiller pour élever notre rempart des Délices en cas que la guerre vienne dans nos quartiers. J'attends les fleurs pour notre téâtre. J'avoue que malgré les status de la lézine, si je trouvais deux jolies saucières d'argent touttes faittes je les prendrais. D'ailleurs ne pensez pas que d'icy à trois mois vous ayez à m'envoyer de l'argent excepté peutêtre quelque sac de mille francs en petits écus, et pièces de 24 s. pour les apoints, car pour de l'or nous en avons. Nous en regorgeons. Mais cela passe comme la figure de ce monde.
Quand vous voudrez mon cher correspondant m'envoier un sac et deux saucières vous obligerez votre ami. Mais le tout à votre plaisir. Je ne suis pressé de rien que de me réjouir. C'est à quoy je pense sans cesse, vous embrassant vous et les vôtres.
V.