1759-07-29, de Louis Élisabeth de La Vergne, comte de Tressan à Voltaire [François Marie Arouet].

Sa Majesté polonoise Monsieur veut que je supléé à sa vuë pour répondre à la lettre charmante qu'elle vient de recevoir; Ce prince M'ordone de vous assurer de son amitié pour vous, et de sa hautte estime pour vos ouvrages.

Sa Majesté Confirme de nouveau L'attestation qu'elle m'avoit ordoné de vous envoyer, au sujet de l'Exacte vérité de tous les faits Contenus dans votre Histoire de Charles 12. Elle aprend par vous Monsieur avec un plaisir sensible que le Roy son gendre en Renouvellant les anciens privilèges de vos Terres vous done une Marque distinguéé de sa bienveillance et de son Estime. Mais je sens Monsieur tout ce que vous perdriez, si vous ne voyez pas du Moins Les Caractères d'une main, que vous baiseriez avec tant de plaisir. Un seul mot de ce prince adoré qui exécute sans cesse tout ce que vous aimez à Célébrer dans les grands Rois, sera milles fois plus prétieux pour vous que tout ce que le plus fidelle de vos serviteurs et amis pouroit vous dire.

Tressan

Je vous réponds de cœur au défaut de vue pour vous assurer que je conserve toujours les sentiments d'une parfaitte estime & amitié pour vous.

Votre cœur vous fera deviner que mon cher et aimable maitre vous Ecrit:

Je vous réponds de cœur au deffaut de vuë pour vous assurer qu'il conserve toujours les sentimens d'une parfaitte estime et amitié pour vous.

Plaignez une âme active, (et celles des rois le sont si rarement). Eheu! plaignez la d'être privéé du bonheur de voir ses ouvrages et de ne pouvoir plus lire, Ecrire, peindre, jouër des instrumens, et voir votre ancienne amie, chez qui le roy vient d'écrire ce pettit mot.