[c.10 March 1759]
Je vous demande pardon mon cher philosophe. Il est cent fois plus aisé de détruire aujourdui les infâmes superstitions chez les honnêtes gens, que d'établir une religion nouvelle chez le peuple.
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Avouez qu'il est plaisant que ce soit un prêtre qui m'ait averti du libelle de Lausane, qui l'ait poursuivi et qui l'ait fait saisir. Avouez qu'il y a de la raison et de la vertu dans l'enceinte des alpes. Il n'y est pas permis d'outrager un étranger par des libelles. La calomnie est interdite, même aux prêtres.
Quand ce misérable Vernet a fait le sien il a été obligé de le faire imprimer ailleurs sous un nom supposé. Il a été obligé ensuitte de le désavouer. Il n'oserait lever les yeux devant moy. J'ay voulu L'induire à repentir, et tirer de luy une démarche honnête une fois en sa vie. S'il ne la fait pas, je l'en feray justement porter la peine. Il n'y a rien que je n'aye fait pour Le débourber, mais je le feray mourir dans la fange.
Je commence à croire que le jésuitte Bertier baissera son ton. Les douze apôtre de Lisbonne rendront la Société humble. C'est un grand miracle.
J'ay grande envie de vous voir, mais les dames L'emportent, et cela est juste. Vale, care et magne vir.