1759-03-09, de Johann Rudolf Sinner à Baron Albrecht von Haller.

. . .Mais Vous ne me dites Rien de la Lettre de Mr le COMTE de Voltaire et de ma Réponse?

Celle de Voltaire est dictée par une basse Colère, est la vôtre est.  . . . dispensez moi Cher Patron d'essayer de Vous dire ce que j'en pense: elle est trop au dessus de mes éloges; je ne trouverois jamais de termes propres pour m'énoncer come je voudrois. Luë dans le Leist, toute la Ville presqu'en a été informée. Chac'un veut la voir, chac'un la lit à plusieurs reprises. Jamais, dit-on, on a foueté avec plus de force, avec plus d'esprit, plus de délicatesse, plus de politesse. On souhaitteroit que le Public en fût régalé par l'impression.

Si j'étois assez heureux de pouvoir Vous rendre mes devoirs chez Vous, et de proffiter de vôtre présence, désirée ici par touts ceux qui ont le bonheur de Vous connoitre come moi, je pourrois peut être mieux Vous faire sentir que par écrit, combien cette excellente Lettre a été goûtée. Mais si votre amitié ne vient au secours, je ne Vous ferai jamais concevoir la Grandeur de la Considération et du sincère attachement avec lesquels j'ay l'honneur d'être

Monsieur et très Cher Patron

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

J. R. Sinner