1759-01-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à David Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches.

Je vous rends frère et belle sœur Monsieur le major batavique et je voudrais pouvoir me mettre à leur suitte pour venir m'enrôler tout vieux que je suis, sous vos drapaux, dans votre belle trouppe, non trouppe guerrierre mais trouppe comique.
Deux terres à arranger, un petit castel à bâtir, un autre à racomoder, des vaches, des contracts, des bœufs et des curéz ne me permettent à présent de jouer d'autre rôle que celuy de M. de Grimaudin dans son château de Gaillardin. Je regrette encor plus Lausane que je n'aime le pays de Gex, tout beau qu'il est. Si j'ay un jour à moy je l'emploierai à venir vous claquer. Je me mets aux pieds de vos respectables et charmantes actrices. Je prie M. le marquis de Gentil de ne me pas oublier absolument. Je serai éternellement v. diener avec tous les sentiments que vous inspirez.

V.