à vous seul 24 juin [1758]
Mon cher ange encor un mot avant que je parte pour le palatinat.
Il parait par le compte que me rend le confident que la tante prétend que la santé de la nièce ne luy permettra pas de faire un voiage à Lyon. Cette extraordinaire tante dit qu'elle n'a àprésent qu'un apartement et qu'elle n'en aura deux qu'en 1759 à la st Jean. Elle ajoute qu'alors mr de Pondeveile viendra, et moy j'ajoute qu'il serait bien peu convenable que Les deux frères ne vinssent point. Nous les logerions aux Délices, nous leur donnerions La comédie. Enfin je ne peux me défaire de L'idée consolante, de l'idée charmante de vous revoir.
Je reçois dans ce moment la lettre de Diderot. Vous avez dû voir imagination, et idolâtrie. Je crois que ce dernier article (tout neuf qu'il est) est si vrai qu'il passera chez l'examinateur téologien pourvu qu'il ne luy soit pas donné sous mon nom.
Donnez moy mon cher ange la consolation de recevoir une lettre de vous dans un mois aux Délices à mon retour de Manheim. Adieu mon cher et respectable ami.
V.
J'ay oublié de vous dire que Tronchin a été chargé de L'emprunt des six millions que la ville de Lyon fournit au Roy. Puisse t'il réussir auprès de la tante, comme auprès du contrôleur général.