1758-06-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

J'ay fait mettre chez mr Cathala deux paquets de livres couverts de toile cirée.
Ce sera mon cher monsieur pour la dernière fois que je vous importunerai pour de pareilles misères, mais sans vous je ne saurais comment m'y prendre. Le plus gros de ces paquets est pour Monsieur l'abbé de la Tremblayeà Cholet en Anjou, le second qui est le plus petit est pour M. Hippolite, capitaine au régiment de Nice.

J'ose vous prier de vouloir bien ordonner qu'on écrive chaque adresse sur son paquet quand M. Cathala vous aura fait parvenir l'un et L'autre.

Je suis obligé d'aller faire un séjour de quelques jours auprès de L'Electeur Palatin. Vous savez que j'ay quelques obligations à ce prince, c'est un devoir dont je m'acquite et une promesse que je remplis. Le Roy m'a acordé un passeport que M. l'abbé de Bernis m'a envoyé avec tous les agréments imaginables. C'est un voiage qui doit être fort agréable pour moy et que cependant je fais avec baucoup de chagrin parce qu'il me privera pendant un mois de mes nièces, et que je crains bien de me trouver dans le palatinat quand vous serez à Geneve. Je serai certainement de retour au mois d'aoust. Je souhaitte que vous ayez assez d'affaires pour ne revenir voir votre famille qu'au mois d'aoust. Ce serait alors que je ne me repentirais pas de mon voiage.

On dit les nouvelles bonnes, et on en attend de meilleures.

Nous vous embrassons tous bien tendrement.

V.