à Lausane 5 février 1758
Mon cher monsieur je reçois le compte que vous avez la bonté de m'envoyer; c'est la liste des obligations que je vous ai.
Je conçois par le résumé, que vous voulez bien vous charger à 4 pr 100 d'un fonds de 330 mille livres; que vous avez outre ce fonds quarante annuitez, et pour trente mille livres de billets de lotterie; que vous voulez bien garder outre cela, seize mille cinq cent livres pour le courant; qu'à ces 16564lt qui sont en caisse vous ajouterez les 6664 à recouvrer des lettres de change de Mrs Gilli, et les 6500lt sur l'envoyé de L'Electeur palatin à Paris.
Je présume qu'il n'y a aucune erreur dans le compte du mois d'aoust de Mr Cathala de 7280lt, argent courant de Geneve évalué à 12104lt. Je n'ay pas icy son compte du mois d'aoust. Il me semble qu'alors il avait de l'argent à moy provenant de lettres sur Paris à luy remises. Il se pourait faire que ses teneurs de livres eussent porté à votre compte ce qu'ils devaient porter au mien. Cependant ils sont très exacts. Mais comme ils sont en usage de tout porter à votre compte, il ne serait pas impossible qu'ils eussent chargé votre partie de ce qu'ils auraient dû rejetter sur la mienne. C'est une chose que j'éclaircirai aisément avec Mrs Cathala. Je n'ay ce petit doute que par ce que mes papiers ne sont pas à ma maison de Lausanne.
Voilà monsieur pour ce qui regarde la grosse besogne. A l'égard de la besogne délicate, je vous serai très obligé de me mander ce que contiendra à peu près la réponse qu'on recevra à Lyon, et celle qu'on enverra de Lyon à sa destination, la quelle doit passer par mes mains. Vous sentez combien je dois m'intéresser à une chose qu'on doit faire tost ou tard, qu'on fera peutêtre un jour avec un très grand désavantage, et qu'on pourait faire aujourduy avec une utilité bien reconue. Je souhaitte que des intérêts particuliers ne s'opposent pas à un si grand bien.
En tout cas vivons toujours tout doucement et laissons les hommes être aussi focus, aussi méchants, et aussi malheureux qu'ils veulent l'être.
Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. Autant en fait made Denis.
V.
Je juge par les lettres que je reçois de Petersbourg que les russes vont recommencer la guerre. Mais aussi toutte l'Angleterre se déclare pour le Roy de Prusse. Le parlement a déjà voté un subside d'une commune voix. Il faudrait un Dieu pour faire la paix dans ces circomstances.