1758-01-16, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

J'ai reçu votre lettre du 22 de novembre et du 2 de janvier en même temps.
J'ai à peine le temps de faire de la prose, bien moins des vers pour répondre aux vôtres. Je vous remercie de la part que vous prenez aux heureux hasards qui m'ont secondé à la fin d'une campagne où tout semblait perdu. Vivez heureux et tranquille à Genève; il n'y a que cela dans le monde; et faites des vœux pour que la fièvre chaude héroïque de l'Europe se guérisse bientôt, pour que le triumvirat se détruise, et que les tyrans de cet univers ne puissent pas donner au monde les chaînes qu'ils lui préparent.

Federic

Je ne suis malade ni de corps ni d'esprit, mais je me repose dans ma chambre. Voilà ce qui a donné lieu aux bruits que mes ennemis ont semés. Mais je peux leur dire comme Démosthène aux Athéniens: ‘Eh bien, si Philippe était mort, que serait ce? O Athéniens! vous vous feriez bientôt un autre Philippe’.

O Autrichiens! votre ambition, votre désir de toute domination, vous feraient bientôt d'autres ennemis; et les libertés germaniques et celles de l'Europe ne manqueront jamais de défenseurs.