1757-12-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Dom Augustin Fangé.

Il serait difficile, monsieur, de faire une inscription digne de l'oncle et du neveu.
Au défaut de talent, je vous offre ce que me dicte mon zèle.

Des oracles sacrés que dieu daigna nous rendre,
Son travail assidu perça l'obscurité:
Il fit plus; il les crut avec simplicité;
Et fut par ses vertus digne de les entendre.

Il me semble au moins que je rends justice à la science, à la foi, à la modestie, à la vertu de feu monsieur don Calmet mais je ne pourrai jamais célébrer ainsi que je le voudrais sa mémoire qui me sera infiniment chère. Vous partagez monsieur, ses travaux et son mérite. Je vous prie de me dire où vous en êtes de votre histoire universelle.

Je n'ai point ici de livres; si j'en avais seulement autant que d'ouvriers, je ne me plaindrais pas. Tenez moi lieu, je vous prie de bibliothèque. Dites moi quand l'église grecque a eu comme nous sept sacrements, car elle n'en a eu longtemps que cinq. Il me semble que la confirmation, et la confession auriculaire, n'étaient pas connues chez les Grecs avant la prise de Constantinople par les Turcs? Croyez vous que Claude de Turin ait regardé la confession des laïcs, comme un sacrement nécessaire? Il me semble que cet évêque pensait à peu près comme ceux qu'on appelle réformés, et que son opiniâtreté à rejetter les nouveaux usages fut l'origine de la plupart des schismes qui ont divisé les chrétiens occidentaux: un petit mot de votre main m'instruirait plus que tous les livres.

J'ai l'honneur d'être avec l'estime la plus respectueuse

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire