[22 November 1757]
Sire, je dois remplir à la fois les devoirs d'un citoyen et ceux d'un cœur toujours attaché à votre majesté, être fâché du malheur des Français et applaudir à vos admirables actions, plaindre les vaincus et vous féliciter.
Je supplie v. m. de daigner me faire parvenir une relation. Vous savez que depuis plus de vingt ans votre gloire en tout genre a été ma passion. Vos grandes actions m'ont justifié. Souffrez que je sois instruit des détails. Accordez cette grâce à un homme aussi sensible à vos succès qu'il l'a été à vos malheurs, qui n'a jamais cessé un moment de vous être attaché, malgré tous les géants dont on dissèquerait la cervelle, et malgré la poix-résine dont on couvrirait les malades.
Je ne sais si une âme exaltée prédit l'avenir. Mais je prédis que vous serez heureux, puisque vous méritez si bien de l'être.
V.