1757-09-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis François Toussaint Du Raget de Champbonin.

J'avais monsieur recommandé expressément qu'on vous envoiât les exemplaires reliez.
J'apprends avec chagrin que les libraires sont tout aussi malhonêtes qu'autrefois. Rien ne change. Je vous en demande pardon. On vous a présenté là un énorme fatras, je vous crois trop heureusement occupé pour avoir le temps d'y jetter la vüe. Je vous fais mon compliment surtout sur les nouvaux ouvrages faits à Mardik. La gloire de la France est rétablie de touttes façons. Je m'y intéresse du fond de ma retraitte dans la quelle j'ay renoncé à tout excepté à aimer ma patrie et mes amis. Je vous réponds un peu tard parce que je ne suis revenu que depuis peu de jours à mon petit hermitage. Je plante d'un côté, je bâtis d'un autre. Il faut occuper doucement sa vieillesse. Ne m'oubliez pas je vous prie auprès de made votre mère quand vous lui écrirez et comptez toujours sur le souvenir et sur l'amitié du Suisse

V….