Le 12 de sept. [1757]
Votre lettre m'a sensiblement touchée.
Celle que vous m'avez adresée pour le Roi a fait le même effet sur lui. J'espère que vous serez satisfait de sa réponce pour ce qui vous concerne. Mais vous le serez aussi peu que moi de ses résolutions. Je m'étois flatée que vos refflections feroit quelqu'impression sur son esprit. Vous verez le contraire dans le Billet ci joint. Il ne me reste qu'à suivre sa destinée si elle est malheureuse. Je ne me suis jamais piquée d'être Philosophe. J'ai fait mes efforts pour le devenir. Le peu de progrès que j'ai fait m'a appris à mépriser les grandeurs et les richesses, mais je n'ai rien trouvé dans la Philosophie qui puisse guérir les playes du coeur que le moyen de s'affranchir de ces meaux en cessant de vivre. L'état où je suis est pire que la mort même. Je vois le plus grand home du Siècle, mon Frère, mon ami, réduit à la plus affreuse extrémité. Je vois ma Famille entière exposée aux dangers et au périls, ma patrie déchirée par d'Impitoyables ennemis, Le païs où je suis peutêtre menacés par de pareils malheurs. Plût au Ciel que je fusse chargée toutes seule des meaux que je viens de vous décrire! Je les souffrirois et avec fermeté.
Pardonnés moi ce détaill. Vous m'engagé par la part que vous prenez à ce qui me regarde de vous ouvrir mon Coeur. Hélas L'espoir en est presque Banni. La Fortune lorsqu'elle change est aussi constante dans ses perssécutions que dans ses faveurs. L'histoire est pleine de ces exemples. Mais je n'y en ai point trouvé de pareil à cellui que nous voyons, ny une guerre aussi inhumaine et cruelle parmi des peuples policés. Vous gémiriez si vous sçaviez la triste situation de L'Alemagne et de la Prusse. Les cruautez que les Russiens comettent dans cette dernière font frémir la nature. Que vous êtes heureux dans votre Hermitage où vous vous reposés sur vos loriers et où vous pouvez Philosopher de sens froid sur l'égarement des homes! Je vous y souhaite tout le bonheur Imaginable. Si la Fortune nous favorise encore contez sur toute ma reconoissance, et que je n'oublierai jamais les marques d'attachement que vous m'avez données. Ma senssibilité vous en est garand, je ne suis jamais amie à demi et le serai toujours verritablement de Frère Voltaire.
Wilhelmine
Bien des compliments à Mme Denis. Continuez je vous prie d'écrire au Roi.